Bonsoir tout le monde,
Aujourd’hui j’ai envie de vous parler de mon dernier coup de coeur littéraire. J’ai lu, ce week-end, le livre de Grand corps malade, « Patients ». J’ai adoré ce livre, il est plein d’humour, d’horreur, et de sincérité.
Je vais d’abord vous raconter le synopsis et je vous expliquerai par la suite pourquoi je l’ai tant aimé.
« Patients » est le premier livre de Grand Corps Malade. Il décrit, avec la même poésie que dans ses slams, son année de rééducation dans un centre pour handicapés lourds. Il nous raconte, avec humour, sa vie dans ce centre, et nous fait découvrir un monde que beaucoup ne connaissent pas et n’imaginent même pas. Il nous parle de sa période où il était immobile totalement, et les efforts qu’il a du fournir pour récupérer de la mobilité. Il raconte des histoires personnelles émouvantes, et drôles. Chacun des chapitres est une leçon de vie et de courage. Il parle aussi de ses camarades de galère, et de leurs aventures ensemble, dans ce centre.
« A tout juste 20 ans, alors qu’il chahute avec des amis, Fabien heurte le fond d’une piscine. Les médecins diagnostiquent une probable paralysie à vie. Dans le style poétique, drôle et incisif qu’on lui connait, Grand Corps Malade relate les péripéties vécues avec ses colocataires d’infortune dans un centre de rééducation. Jonglant entre émotion et dérision, ce récit est aussi celui d’une renaissance. »
Ce livre est un chef d’oeuvre, à mes yeux, et il faudrait qu’il soit lu par un public encore plus large. Il décrit la souffrance et l’handicap avec, à la fois, légèreté et des mots lourds de sens. Les handicapés font peur au commun des mortels, et comme il le dit justement « le statut d’handicapé est tellement marquant qu’il masque complètement l’être humain qui existe derrière ». Etant d’handicapé depuis maintenant 1 an, je me rends compte de l’horreur qu’est la vie lorsque ton autonomie diminue de jour en jour, et lire ce livre m’a soulagée le temps d’un instant, « je ne suis pas seule… ». Certes je ne suis pas aussi handicapé que les personnages du livre, mais je n’ai personne dans mon entourage qui vit ce que je vis, et heureusement, mais conclusion je me suis sentie moins seule, quelques heures.
« Patients » nous permet de nous rendre compte que le handicap ne correspond pas à la personnalité de l’être humain, et que le mec en fauteuil à coté de nous, lui aussi, il aime parler, regarder la tv, et rire. Il n’est pas juste un fauteuil roulant.
J’ai du mal à exprimer les sentiments provoqués par ce livre, mais je crois que pour résumé, je me suis sentie, pour la première fois depuis longtemps, moins seule, et comprise. J’adore mes proches, ils sont exceptionnels, mais ils ne comprennent pas tout, ils ne se rendent pas compte de la difficulté que je peux avoir à faire des gestes simples. Vous voyez, on est en plein été, vous vous installez tous sur des chaises longues, ou en terrasse dans l’espoir de bronzer, pour moi c’est un supplice, être assise ailleurs que sur un canapé mou, ou allongé dans mon lit, c’est douloureux, et je n’attends qu’une chose, c’est que ça soit fini. Couper un gâteau pour pouvoir le servir à tout le monde, pour moi c’est une mission, douloureuse, qui pourrait d’un instant à l’autre me faire tourner de l’œil, car oui je tourne de l’oeil dès que la douleur est trop vive, en général, ça arrive au moins une fois par jour. Il y a des jours où le simple fait de me lever du canapé pour aller aux WC ou dans ma chambre, me provoque des douleurs tellement horrible que je préfère attendre de ne plus avoir d’autre choix. Monter et descendre d’une voiture ? Une torture ! Rester assise à table ou sur une chaise ? Honnêtement, je ne veux plus avoir à subir ça. Ce sont que des petites choses, mais qui sont dure à faire entendre aux proches, et qui nous isole un peu plus chaque jour. On se sent vite seul et incompris, puis on fini par comprendre que les autres ne supportent plus notre état, donc il préfèrent faire comme si cela n’existaient pas. Et c’est là que commence l’enfer.
Grâce à Grand Corps Malade, j’ai pu m’évader, quelques heures, de cet enfer. J’ai pu le temps d’un livre, ne pas avoir à dire que « non ça c’est douloureux », « non je ne suis pas énervée, j’ai juste mal », « non je ne peux pas m’asseoir là », « non je ne peux pas venir, car si je descend les escaliers, je ne suis pas sur de pouvoir remonter chez moi », et « non, comme d’habitude, il n’y a pas d’amélioration », je ne vais pas vous faire la liste de toutes les choses que je suis dans l’obligation de refuser ou de rappeler constamment à cause de mon état. Et puis c’est une activité que j’ai pu faire seule, je n’ai pas eu besoin de demander d’aide à personne, et mine de rien, de ne pas avoir à dire « stp, aide moi » ça fais un bien fou !
Je vous met en photos 2 passages qui m’ont particulièrement touchés et parlés.
J’ai 26 ans, je suis hospitalisée en moyenne, une journée, tous les deux mois, voir plus selon les tentatives, et il a raison, même si c’est pas normal de voir des jeunes de notre âge dans un hôpital, on en croise. Et en plus de ça, on s’habitue à notre souffrance, ainsi qu’à celle des autres.
Je ne souhaite pas m’étaler sur le sujet de mon handicap, j’y consacrerai peut être un article, peut être plus, ou peut être aucun, mais pour le prochain article on reviendra sur des sujets plus légers, plus joyeux.
Je vous conseille réellement de lire ce livre, il est magnifique.
Bisous, bisous,
Bulle de Citron
Bel article. Il donne vraiment envie de se plonger dans ce livre. Chose que je ne manquerai pas de faire
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